DIOR ET LA CAMBRE

Attention chantier ! La Cambre Mode[s] vient de fêter ses vingt ans en beauté. Après deux décennies, autant de défilés et un livre anniversaire, l’Atelier de Stylisme et Création de Mode[s] s’offre de nouvelles fondations. « Pourquoi ne pas revenir à un podium de défilé classique ? » s’est dit Tony Delcampe, le responsable de l’Atelier. Cela donne un vrai catwalk : un podium qui s’avance dans le public sur seize mètres de long. Classique, à première vue. Mais tout stéréotype se transcende. À y regarder de plus près, le décor n’est pas totalement fini, les panneaux de gyproc sont assemblés, mais les joints sont à nus, les traces de plâtras à vif. Du brut de décoffrage. Comme la création en chantier, la mode en rénovation.

En guise de décor de fond à ce catwalk 07, un mur troué de six portes qui s’ouvrent et se ferment sur le passé et le futur, dans un joyeux ballet d’entrée et de sorties. Les mannequins y font leur apparition/disparition. Mais avant, elles ont prêté leur visage aux mains expertes des maquilleurs Dior. Backstage, ils ont jonglé avec la ligne Backstage qui porte si bien son nom. Pour écrire une nouvelle histoire de beauté et de mode, qui s’appellerait « Pro cheeks », « Eye Show », « Lip show » dans un festival de « Nude artifice », de « Metal Luminescence » et de « Black Out ». Lumières !

Attention chantier ! En première année, les étudiants de La Cambre Mode[s] se confrontent à la création de trois pièces de la garde-robe basique: une jupe, une chemise-veste et un pantalon à la taille très haute. Les consignes ? Partir d’un tissu complètement vierge, blanc. Par un jeu de broderies, de rubans, d’applications, créer un motif à carreaux. Prendre le vocabulaire de dix jupes différentes et les réassocier pour n’en former plus qu’une. Marier cette jupe à la chemise, réaliser un dégradé patchwork, qui monte vers la tête et s’offre du noir en fin de gradation. Bâtir un pantalon dont le haut est complètement noir et, par un jeu de graphisme et d’incrustation de tissu, arriver au blanc dans le bas de la jambe. Autrement dit, il s’agit de répondre à la question : « Comment faire pénétrer du blanc dans du noir et inversement ». Nul doute que le résultat sera graphique. Forcément graphique. Et enluminé par les prouesses des make-up artists de Dior.